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Conte de sagesse guarani

 
 
Les Guaranis sont un peuple indien de l'Amérique méridionale (Brésil, Bolivie...). Voici un de leur contes plein de sagesse qui nous indique, de manière plaisante, quelle est la plus importante qualité du chef guarani. 
A méditer, n'est-ce pas ?
 
 
 
Un jour, dans un village guarani, le vieux chef vint à mourir et les deux meilleurs guerriers commencèrent à se disputer la succession.  
 
Le premier disait:
 
-"Je suis le plus fort de tous! Je n’ai jamais eu peur de rien, et je dois être choisi pour ces raisons." 
 
 
Le second affirmait: 

-"Moi aussi je n'ai jamais eu peur, et de plus je sais parler aux oiseaux : c’est moi qui doit être choisi."
 
 
Chacun des deux hommes avait ses partisans dans le village,  
les discussions devenaient de plus en plus animées, de plus en plus violentes, et le doyen de la tribu décida d’intervenir avant que les deux clans en viennent à sortir les armes.
 
 
Le vieil homme fit venir un autre guerrier, celui qui tirait le mieux à l’arc, et lui demanda de décocher deux flèches dans la jungle, le plus loin possible. Puis il se tourna vers les deux prétendants et leur dit:
 
-"Je désignerai chef celui qui sera le premier à me ramener une de ces flèches."
 
Les deux hommes disparurent aussitôt en courant dans la jungle, et les villageois restèrent à attendre que la décision se fasse.  
Les heures passèrent, et au moment où le soleil disparaissait derrière les arbres, on vit revenir les deux guerriers, ensemble, tenant chacun une des flèches. 
 
Le doyen décida donc, dès le lendemain matin, de leur donner une nouvelle épreuve. Il les emmena au bord de la rivière, là où le courant était le plus fort, le plus tumultueux, et leur dit:
 
-"Vous avez une heure, jusqu’à ce que le soleil arrive à son zénith, pour pêcher le plus gros poisson possible."
 
 
Les deux hommes plongèrent aussitôt sous les yeux des villageois qui les encourageaient en les regardant se débattre dans les flots.  
Mais lorsque l’heure se fut écoulée, ils ressortirent ensemble de l’eau, avec des prises qui s’avérèrent parfaitement égales en taille et en poids.  
Il était encore une fois impossible de prendre une décision. 
 
Le soir même, le doyen les emmena vers un endroit où poussaient deux énormes orangers.  
Il leur dit:
 
-"Vous avez une heure, jusqu’au coucher du soleil, pour cueillir le plus de fruits possible sans en laisser tomber un seul à terre."
 
Les deux hommes grimpèrent dans les arbres et commencèrent à cueillir les oranges sous les cris de la foule, jetant les fruits dans de grands paniers posés au pied des arbres.  
 
Le soleil se coucha, les paniers remplis d’oranges furent soigneusement examinés, pour en arriver à la triste conclusion que les paniers pesaient le même poids et contenaient le même nombre de fruits.  
Cette fois-ci le doyen s’avoua vaincu :
 
-"Je n’ai plus d’épreuves à faire passer donc je ne sais toujours pas qui doit être chef." 
 
Les discussions entre les deux clans reprirent dès l’aube, plus vives que jamais, et les couteaux jaillirent soudain des fourreaux.  
Mais à cet instant, un vieil homme apparut au milieu de la foule.  
 
Les villageois s’inclinèrent, reconnaissant tout de suite l’incarnation de Tupa l’Esprit du Bien.  
L'ange s’adressa d’abord au doyen, le remerciant de ses efforts, mais lui faisant également remarquer qu’il avait oublié ce qui était peut-être la plus importante de épreuves: celle de la sagesse.  
Il invita donc les deux prétendants à le suivre dans la jungle pour qu’une décision puisse enfin être prise. 
 
A la suite de l'ange, ils marchèrent des heures durant, ne sachant où ils allaient, jusqu’au moment où Tupa se pencha à terre et ramassa quelque chose. Il se retourna, sa main tendue vers eux, et leur dit:
 
-"Regarder attentivement le papillon dans ma main, parce que c'est un papillon magique, qui ne peut être vu que par les hommes sages."  
 
Tupa demanda donc au premier guerrier s’il voyait l’insecte:
 
-"Oui!" dit l'homme.  
Tupa se tourna vers le second homme et lui posa la même question.  
Le guerrier resta longuement silencieux et finit par répondre:
 
-"Je ne vois rien." 
 
Tupa sourit et lui dit:
 
-" Ce sera toi le chef, car il n’y avait effectivement rien à voir dans ma main et tu as eu la sagesse de t’en tenir à la stricte vérité même si elle allait contre toi". 
 
On dit que ce fut l’un des meilleurs chefs que les Guaranis aient jamais connus, avec un règne qui s’avéra long et prospère. Et l’on dit aussi que cet homme si sage était celui qui savait parler aux oiseaux. 

 

(c) Jean-Pierre MAURICE - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 15.06.2009